DECLARATION DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DU MALI

Les 24, 25 et 26 septembre 2014, nous, Conférence Episcopale du Mali, avons tenu à l’archevêché de Bamako notre première session ordinaire de travail au titre de l’année pastorale 2014-2015.

Au lendemain de la célébration du 54è anniversaire de l’indépendance de notre pays, nous avons échangé, entre autres sujets, sur l’état de la Nation.

  • Nous nous inclinons devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie pour la cause de la patrie et saluons le sacrifice de toutes les victimes de la crise sécuritaire qui continue d’affecter notre pays. Nous appelons l’ensemble de nos compatriotes à la solidarité envers ces victimes et leurs proches.
  • Nous félicitons l’ensemble du peuple malien pour les progrès accompli depuis août 2013, au nombre desquels la bonne tenue des élections présidentielles et législatives, et le retour progressif de la stabilité au niveau institutionnel et social.
  • Nous félicitons également les autorités politiques et administratives pour les efforts déployés au quotidien en vue du retour des refugiés et des déplacés, et pour ceux allant dans le sens de la préservation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale, de la laïcité et de la forme républicaine de l’Etat. Ainsi nous saluons la tenue des pourparlers qui ont lieu actuellement à Alger et qui sont la rencontre de l’espoir pour tous les patriotes maliens.
  • Nous observons cependant que beaucoup d’efforts restent encore à fournir pour le retour total de la paix et de la sécurité dans les villes et les campagnes, au nord comme au sud du pays. En effet, si au nord la situation reste toujours inquiétante, au regard des attentats et autres attaques perpétrées régulièrement contre les forces de la paix de l’ONU et les paisibles populations qui veulent reprendre une vie normale, au sud elle ne l’est pas moins sur le plan sociopolitique. Tout en déplorant cette situation, nous appelons l’ensemble des groupes armés et tous les citoyens de quelque bord qu’ils soient à œuvrer pour la paix, l’unité et la prospérité du Mali. Personne ne gagnera à ce que le Mali sombre.
  • Nous exhortons donc l’ensemble des Maliens à mettre d’abord l’intérêt du Mali au dessus de tout autre intérêt au moment où la maison est en danger et où nous devons nous serrer les coudes pour la sauver. Le Mali est notre mère patrie que nous devons construire ensemble, dans la diversité culturelle, religieuse et ethnique. Pour cela, il nous faut réapprendre le sens de cette patrie, l’amour et le respect du drapeau national, le sens du civisme. Cela passe par le renforcement de notre système éducatif à travers lequel nous formerons le citoyen nouveau dont le pays a besoin pour aller de l’avant.
  • A la veille de la rentrée scolaire 2014 – 2015, nous appelons les enseignants, les élèves et les étudiants, les parents d’élèves et l’administration scolaire à œuvrer pour le bon déroulement de cette année et pour une école plus performante. Nous formulons le vœu de voir le Mali se remettre rapidement debout avec le concours de chacun de ses fils et filles, et de retrouver la paix et la concorde tant souhaités par tous.

Que Dieu bénisse notre cher pays et lui accorde la paix ! Amen.

 

Bamako, le 26 septembre 2014

Les Evêques

Les 25, 26 et 27 septembre 2012, les Evêques du Mali ont tenu leur première session au titre de l’année pastorale 2012-2013. Cette rencontre a été pour eux l’occasion d’échanger sur la vie de l’Eglise Catholique au Mali et sur la situation sociopolitique qui prévaut dans notre pays depuis quelques mois.

A l’issue de leurs échanges, les Evêques du Mali :

  1. Saluent les efforts de toutes les Maliennes et tous les Maliens (de l’intérieur comme de l’extérieur) et des amis du Mali qui ne cessent de travailler avec sincérité pour le retour de la paix, de la cohésion et de la stabilité dans notre pays.
  2. Saluent la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ils souhaitent l’union de la classe politique et de l’ensemble des forces vives de la Nation autour de ce gouvernement afin de l’aider à relever les défis qui se posent à la Nation en ce moment.
  3. Prennent acte de la création du ministère des affaires religieuses et du culte. Ils souhaitent que ce ministère reflète le caractère laïc de la République et travaille pour le renforcement de la cohabitation pacifique entre toutes les confessions religieuses.
  4. Expriment une fois de plus leur profond attachement à la préservation de l’unité du territoire national et de la laïcité de l’Etat ainsi qu’au respect des valeurs de tolérance et de paix de notre société.
  5. Exhortent les autorités politiques, administratives et religieuses à œuvrer dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation afin de sauvegarder l’unité du pays dans sa diversité. Le Mali est un pays de dialogue, de tolérance ayant une grande tradition d’ouverture que nous devons renforcer et non détruire.
  6. Exhortent les Maliens à une bonne gestion de leurs différences afin de former vraiment un peuple, ayant un même but et partageant la même foi, la foi en un avenir meilleur pour tous sur la terre du Mali.
  • Les Evêques  saisissent cette occasion pour rappeler au peuple de croyants du Mali que Dieu n’abandonne jamais ses enfants qui lui accordent toute leur confiance et le prient dans la vérité et la droiture.
  • Ils remercient Dieu, le Créateur, pour la campagne agricole 2012 qui tire à sa fin et qu’ils espèrent belle malgré les inondations survenues ça et là. Aux victimes de ces inondations, ils expriment toute leur compassion et leur soutien. Ils souhaitent que cet hivernage pluvieux soit le signe annonciateur du retour de la paix et de la stabilité dans notre pays.
  • Ils expriment une fois de plus leur soutien à tous les refugiés dont ils souhaitent vivement le retour le plus tôt possible et à toutes les personnes déplacées suite à la crise. Il est grand temps d’aller à la réconciliation et au pardon tant au sein de nos forces armées et de sécurité qu’au sein des acteurs politiques et du peuple afin que nous puissions prendre définitivement le chemin de la paix. La réconciliation est une « condition indispensable pour instaurer des rapports de justice entre les hommes et pour construire une paix équitable et durable dans le respect de chaque individu... ; une paix qui s’ouvre à l’apport de toutes les personnes de toutes les bonnes volontés au-delà des appartenances religieuses, ethniques linguistiques, culturelles et sociales respectives » (Africae Munus, n° 174, Benoît XVI).
  • Les Evêques saluent les Autorités scolaires pour l’ensemble des mesures prises en vue d’améliorer la qualité de l’Education au Mali.

Aux élèves et aux étudiants, aux enseignants et au personnel de l’administration scolaire, aux parents d’élèves et à tous les partenaires de l’école, ils souhaitent une très bonne reprise des cours, une paisible et fructueuse année scolaire et universitaire 2012 – 2013.

Que Dieu nous y aide et bénisse le Mali !

 

                                                             Bamako, le 27 septembre 2012

 

                                                                                         LES EVÊQUES

 

Les 12-13 et 14 Janvier 2012, les Evêques du Mali ont tenu la première session ordinaire de leur Conférence Episcopale au titre de l’année 2012.

Les questions traditionnelles, relatives à la vie de notre Eglise locale ont constitué le menu de leurs réflexions et échanges.

En outre, comme à l’accoutumée, ils ont porté une longue attention aux préoccupations et soucis des populations des villages et des villes dont ils ont la charge pastorale. Ces préoccupations et soucis sont d’une actualité brûlante. Ce sont, entre autres :

  1. L’insécurité rampante et grandissante au Nord, dans nos cités et sur nos routes.
  2. L’insécurité alimentaire qui risque de conduire à la famine.
  3. Les échéances électorales prochaines que beaucoup qualifient « à risque » car elles suscitent de lourdes inquiétudes quant à leur déroulement et à la période post-électorale.
  4. L’éducation en général et le problème scolaire en particulier sont une bombe qui trouble le sommeil de tout Malien conscient de la gravité de la chose.

Face à ces situations, les Evêques, en hommes de Foi et responsables d’un peuple de croyants :

  1. En appellent à la Foi de tous les Maliens. Ils en appellent au sens de Dieu et à la sainte crainte de Dieu. Que le peuple croyant du Mali –chacun dans la confession religieuse qui lui est propre – aborde toutes ces situations avec le sentiment que Dieu le voit et l’entend.
  2. Les Evêques saluent tous les artisans de paix au Mali. Ils appellent tous les Maliens à vouloir vraiment la paix : que toutes les déclarations de paix au Nord, les déclarations de volonté d’élections libres, transparentes et paisibles soient faites devant Dieu qui entend et qui apprécie.
  3. « Parler vrai – Agir en vérité » a été l’invitation de son Excellence Monseigneur Jean Marie CISSE, homme d’Eglise et patriote engagé ! C’était aux heures agitées des années 1991 à 1995. Dans la période qui nous introduit progressivement aux joutes électorales, les Evêques invitent :
  • les candidats aux différents scrutins à être vrais dans leurs promesses et leur ambition pour le Mali
  • les citoyens à se préparer et à se disposer à aller massivement aux urnes en toute liberté, conscience et responsabilité.
  1. S’agissant de l’école, les Evêques estiment que la crise est le reflet de celle que traverse la société entière. L’enrichissement rapide et par tous les moyens est devenu la valeur première. La richesse frauduleusement accumulée de certains crée de douloureuses frustrations chez les autres. La tentation est alors grande de vouloir aller « jusqu’au bout » pour obtenir les mêmes avantages matériels.

Dès lors il faut une réelle volonté nationale d’assainir nos mœurs dans ce domaine et consentir aux sacrifices nécessaires inéluctables pour trouver de vraies solutions aux défis titanesques de l’école. « Il faut - dit le Pape Benoît XVI – vouloir devenir juste pour construire un ordre social juste ». L’éducation en famille comme à l’école est justement le lieu où se construisent le présent et le futur de cet ordre social juste auquel tous les Maliens aspirent dans le secret de leur cœur.

  1. Et que dire de l’insécurité alimentaire, sinon qu’elle est un grand défi à notre capacité de mettre en pratique cette valeur sociale qu’est la solidarité. Les efforts déployés par la Nation serviront-ils à apaiser la faim ou à édifier des villas de la faim ? Qu’à Dieu ne plaise !
  2. Mais qu’il plaise plutôt à Dieu :
  • De donner aux décideurs et leaders la claire vision de ce qu’il faut faire, le courage, la volonté et la force de l’accomplir.
  • De donner aux autres le sursaut patriotique nécessaire pour préserver notre vivre ensemble.
  • De donner à tous la volonté de marcher selon ses commandements. La crainte de Dieu est le commencement de la Sagesse. Et la sagesse est le chemin de la Paix.

Que Dieu bénisse le Mali ! AMEN

                                        

Bamako, le 14 Janvier 2012

LES EVÊQUES