Paroisse Sainte-Monique

BADALABUGU - BP 298 Bamako

Tel : 20 22 25 57


 

A partir de 1955, quelques habitants de Bamako, s’installent sur la rive droite du fleuve Niger, et forment un quartier appelé communément (non administrativement) Badalabougou, c'est-à-dire le « campement au bord du fleuve ». Parmi eux, au moins deux familles chrétiennes, celle de Julien Keîta, agent de l’hydraulique aujourd’hui décédé, et celle d’Antoine Samaké, ferrailleur. Dans ces années-là, les gens passaient le fleuve en pirogue pour aller en ville et c’est ainsi que faisaient les chrétiens pour se rendre à la messe du dimanche. Pendant la saison des pluies, un bac était mis en service. Quand un prêtre rendait visite aux familles qui continuaient de s’établir à Badalabougou, par exemple celles de Marcel Dembélé et de Jean Chapsal, il passait à don tour la rivière avec son vélo, soit en pirogue, soit en b

La construction du pont, menée bon train entre 1960 et 1962, déclenche un intense développement de la rive droite : quartiers et bâtiments se multiplièrent, cependant que de nombreux Bamakois quittaient la rive gauche pour s’établir de l’autre côté du fleuve. En 1968, trois établissements scolaires étaient implantés sur la colline de Badalabougou : un lycée, une école normale secondaire et l’Ecole Normale Supérieure.

Alors se pose avec acuité, le problème de l’évangélisation de la rive droite

Le foyer de Badala

Dès janvier 1968 s’achève la construction de ce foyer : un important ensemble de bâtiments comprenant une maison de communauté, ainsi qu’un centre d’accueil pour les élèves –maîtres de l’enseignement catholique fréquentant l’Ecole Normale Secondaire ou l’Ecole Normale Supérieure. Avec ces deux établissements publics, l’Etat se chargeait de la formation professionnelle des enseignants ; la vocation du centre d’accueil était de proposer aux futurs maîtres de l’enseignement privé catholique un complément de formation, surtout spirituelle.

Attaché au lycée Prosper Kamara, le P. Louis Dauvergne vient célébrer la messe dominicale dans l’une des salles du foyer, et rendre visite aux familles des nouveaux quartiers qui se constituent. Sur un cahier d’écolier, il ouvre le registre des baptêmes, dont le premier est celui de Félicie, fille de Robert Sacko et de Marie-Claire Samaké, née le 12 mars 1968 et baptisés le 17 mars. D’après ce même registre des baptêmes, le P. Dauvergne assura le service paroissial jusqu’au début d’août 1969. Le P. Georges Plenier prit alors son relais, le registre porte pour la première fois sa signature en date du 20 septembre pour le baptême de Geneviève Keïta, de flabougou (actuel Daoudabougou) : c’est le quatorzième baptême du secteur. Entre temps, l’Abbé Pierre Kanouté, directeur national de l’enseignement privé catholique, avait été nommé pour l’animation spirituelle du foyer, mais il ne rejoindra Badala que plus tard.

En octobre 1969, le foyer de Badala ouvre ses portes aux premiers élèves-maîtres.

Développement d’une vie paroissiale

Dans ce même mois d’octobre 1969, le P. Henri Cavrois, Supérieur régional des PP Blancs, vient s’installer dans la maison de communauté de Badala. Il y est rejoint, le mois suivant par le P. Henri Verstraete, premier prêtre paroissial affecté au secteur de Badala. Le P. Verstraete y restera jusqu’en 1985, assisté à partir de 1971 par un autre prêtre, puis en 1974 par sœur Jacqueline Piron. En 1986, l’abbé Jean Marie Traoré est nommé à la tête d’une équipe maintenant composée de trois prêtres et de trois sœurs.

Journées de formation et « thèmes d’année » jalonnent une pastorale dont une difficulté parmi d’autres, est d’atteindre des paroissiens qui sont fort dispersés dans l’espacer, étant donné les nombreux quartiers qui peuplent à présent la rive droite. Voici, à titre d’exemple, les deux thèmes retenus entre 1980 et 1982 : « Appelés à vivre en communauté chrétienne de quartier » « la communauté chrétienne engagée à vivre l’évangile dans les réalités du quartier et du lieu de travail ». En même temps, quatre journées de formation ponctuaient l’année 1981 : « comment construire soi-même des foyers améliorés ? » « Les communautés chrétiennes de quartier » « Quelle communauté pour prier et vivre en chrétien ? », « les réalités musulmanes et le dialogue de tous dans la vie ».

Dès 1972, huit groupes de quartier s’exercent à comprendre comment le passage d’un simple regroupement confessionnel à la « communauté chrétienne » ou communauté de base ne s’opère qu’en approfondissant le sens de l’Eglise, peuple de Dieu, signe et moyen de la véritable unité.

Le 1er novembre 1973 se tenait une réunion préliminaire pour la mise en place d’un comité paroissial à Badalabougou. A cette occasion, M. Daniel Konaté s’exprimait dans ces termes : « La session nationale des laïcs , tenue à Bamako du 26 au 30 août 1973, a particulièrement mis l’accent sur le Comité paroissial, qu’elle considère comme étant la structure de base la mieux adaptée, parce que favorisant une participation réelle et efficace des laïcs à l’évolution de l’Eglise locale ». De ce fait, le comité paroissial se présente comme lieu privilégié de dialogue et de partage des responsabilités, lieu de réflexion de discernement communautaire pour une authentique édification d’église.

Promotion féminine et santé

En 1976, chaque quartier est doté d’une « caisse pharmacie ». L’initiative de ce service visait à secourir les malades en mettant à leur disposition, sur place, des médicaments de base : nivaquine, aspirine, ganidan, pansement pour les plaies. L’opération fonctionne dans un esprit coopératif, impliquant une participation financière à l’achat des médicaments, une gestion intelligente et des conseils sanitaires appropriés. Accessible à tous les habitants du quartier, ce genre de « caisse-pharmacie » atteste que la charité du Christ ne concerne pas que les chrétiens.

A partir de 1974, les femmes se réunissent pour parler des problèmes d’hygiène qu’elles ont à affronter. Un seul centre de promotion féminine (CPF) est alors en activité. Or beaucoup de filles, renvoyées de l’école, restent chez leurs parents auxquels elles posent de sérieux problèmes. Que faire ? Les rassembler à Badalabougou est impensable pour des raisons de transport. D’où la décision de multiplier les emplacements. Ainsi, en plus de Badala-sema qui existait déjà, furent créés six CFP : à Sabalibougou, Daoudabougou, Niamakoro, Nanyanbougou, Sogoniko et Falajè. Cette organisation devient fonctionnelle en octobre 1980. Chaque centre se veut au service du quartier, pour contribuer au développement social, culturel, économique de la femme malienne. Il constitue un lieu où la communauté paroissiale se met visiblement à la disposition du pays, en vue de la promotion de la femme dans le respect de sa personnalité. Fonctionnant dans un esprit de créativité, d’entraide amicale, de solidarité, d’ouverture, il ne se limite pas seulement aux cours de coupe, de tricot, de couture, de cuisine, d’alphabétisation, ou de perfectionnement dans la lecture, mais il entend aborder tous les problèmes qui intéressent la jeune fille et la femme aujourd’hui : hygiène, santé, planification familiale, valeur nutritive des aliments, habitat, ameublement, intégration dans la société…Au bout du compte, le Centre se veut un lieu de rencontre, où femmes et jeunes filles apprennent à mieux se connaître, à échanger leurs expériences.

1982- marque le début d’un « service d’ordonnances » pour les malades qui, faute de moyens, ne peuvent se procurer les médicaments prescrits.


Rencontre de Dieu dans le service des autres.

« Aimer son prochain comme soi-même » est le second commandement inséparable du premier, qui consiste à aimer Dieu de tout son cœur. Il s’agit d’un impératif communautaire autant qu’individuel, et les activités paroissiales tentent, en se diversifiant, de se fondre dans un tel creuset de charité. En 1982, chaque communauté de quartier organise, en son sein, une équipe de « conseillers familiaux ». Ceux-ci ont pour tâche de prendre part aux premières démarches de demande en mariage (don des colas), de garantir les engagements pris dans les mariages mixtes (entre communauté chrétienne et communauté musulmane), de suivre fraternellement ces foyers, de promouvoir l’entente dans les couples en difficulté, de faire découvrir aux jeunes la profonde valeur du mariage chrétien lors de week-ends de formation et d’échange régulièrement prévus au temps de Pâques. Le service de telles équipes, exige compétence, patience, prudence et franche collaboration.

Le mois de juin 1983, voit la création de deux comités SECAMA, correspondant aux deux communes du secteur, cependant qu’est instituée la pratique d’une « journée-bilan » dont l’objet est de faire le point sur l’année pastorale écoulée.

La communauté chrétienne de Badala, comme les autres, est confrontée à bien des défis, dont quelques uns peuvent ainsi s’énumérer :
Eloignement des quartiers les uns par rapport aux autres, d’où la nécessité de nombreux déplacements qui ne facilitent pas un suivi attentif de la catéchèse ; les catéchistes sont insuffisamment formés, et les enfants ne viennent pas régulièrement aux séances catéchétiques.
Il faudrait élaborer, définir et diffuser une pastorale des baptêmes d’enfants, de la préparation des chrétiens au mariage (notamment dans le cas des mariages mixtes), des situations polygamiques.
Les méfaits de l’alcool sont évidents : comment y faire face ?
Les nombreux problèmes de survie (chômage, petits salaires, soldes différées..) rendent particulièrement difficiles l’existence quotidienne, qu’il s’agisse de l’existence familiale ou du cheminement paisible des communautés chrétiennes.

Un autre défi adressé aux paroissiaux de Badala est celui d’un juste œcuménisme dans leur vie quotidienne, non seulement vis-à-vis des chrétiens protestants, avec lesquels les relations se sont améliorées depuis un certain temps, mais par rapport à l’islam ambiant. Dans l’ensemble, s’exerce entre catholiques et musulmans une grande tolérance et un respect réciproques des personnes. Les événements familiaux (baptêmes, mariages, décès) sont occasions de partage. On a même vu chrétiens et musulmans se donner la main pour construire leurs lieux de culte.


Succession des Equipes Apostoliques de la Rive Droite

1969-1971 P. Francis Verstraete, seul permanent
1972-1974 P. Verstraete P. Joseph Giraudet
1974-1976 P. Verstraete, Abbé Bernard Lassalvy, Sr. Jacqueline Pron
1976-1980 P. Verstraete. Guiseppe Giacon. P. Joseph Varenterghen, Sr.
Jacqueline Jiron
1981 P. Verstraete Sr. Jacqueline Jiron
1982-1983 P. Verstraete, P. Jan Van Haandel. Sr. Jacqueline Piron, Sr. Maria Schmid.
1983-1985 Les mêmes + Sr. Pilar Vigil.
1985 Les mêmes + Abbé Jean Marie Traoré
1985-1986 Ab. Jean M. Traoré, P. Van Haandel, SS J. Piron, maria Schmid, Pilar Vigil
1986 Ab. Jean M. Traoré, P. Henri Cavrois, P. Hervé descours, Sr. Jacqueline Piron, Sr. Maria Schmid, Sr. Marcelle Gaborit.