Le Centre Foi et Rencontre

Centre Foi et Rencontre ? Entrez dans la cour du lycée Prosper Kamara et suivez les pancartes… C’est ce que trouve le visiteur quand il se rend tout en haut de la colline d’Hamdallaye à Bamako où le Centre a établi ses quartiers depuis plus de cinq ans maintenant. Le lycée Prosper Kamara fête ses 50 ans d’existence ; ce fut le second lycée de la ville, après le lycée public Terasson de Fougères, devenu après l’indépendance Lycée Askia Mohamed. Le lycée Prosper Kamara prit le nom du premier prêtre malien et premier Missionnaire d’Afrique du pays, après son décès à Ségou en 1961.

Sur un espace de 16 hectares, le lycée est aujourd’hui entouré de 8 autres institutions à caractère éducatif : la toute nouvelle université catholique du Mali qui abrite une École des hautes études des arts, des cultures et des sciences de l’éducation ; un collège ; une école technique de formation en informatique et gestion ; les locaux de la radio catholique ; un centre d’étude et de culture pour les étudiants ; un jardin d’enfant ; et enfin le Centre Foi et Rencontre et l’I.F.I.C., l’Institut de formation islamo-chrétienne, provisoirement installé dans une partie des locaux du Centre Foi et Rencontre et qui a ouvert ses portes en octobre 2007.

Expériences de proximité avec les musulmans
Le Centre Foi et Rencontre s’inscrit dans la déjà longue histoire des Missionnaires d’Afrique au Mali. On sait que le cardinal Lavigerie souhaitait ardemment pénétrer l’Afrique occidentale à partir de Tombouctou. Après les deux premières malheureuses caravanes (en 1876 et 1881), ce fut par le Sénégal que les missionnaires ont fini par arriver sur le sol actuel du Mali (caravane partie de Marseille le jour de Noël 1894). Arrivés à Kita, où ils trouvèrent les missionnaires Spiritains, ils se dirigèrent vers Bamako, Ségou (où deux d’entre eux demeurèrent : les Pères Ficheux et Éveillard), puis enfin Tombouctou où arrivèrent le 21 mai 1895, les Pères Hacquard et Dupuis, accompagnés d’un jeune chrétien bambara du nom d’Eugène Kondé.

Avec lyrisme, le Père Hacquard (voir la vie de Mgr Hacquard) écrit dans ses notes, quelques jours après son entrée dans la ville de Tombouctou : « Quand j’ai vu Tombouctou, j’ai cru devenir fou. Je ne sais quelle émotion : un mélange de joie, d’espérance, de tristesse, de retour en arrière, de saut dans l’avenir… Moi, en face de ce but tant désiré de nos aînés… de mes pauvres amis… tous noyés dans leur sang avant d’avoir pu atteindre ce but. Celui qui, après moi a le plus ressenti mon agitation, c’est mon cheval. Involontairement, je lui communiquais mon impatience d’avancer par la molette de mes éperons et la retenue, par la pression des rênes. Il ne savait plus trop ce que je lui voulais et s’inquiétait de mon état mental. »

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1893: P. Augustin Hacquart / 1975: Le P. Georges Janssens de Bisthoven célèbre la messe à Tenenku en compagnie du jeune P. Stamer et de Mlle Françoise Édon. 2008: Yupp Stamer, directeur du Centre Foi et rencontre.

Le séjour, pourtant bref à Tombouctou (juin 1895 à avril 1907) allait marquer profondément la mission au Soudan, et au Mali d’aujourd’hui. Les Pères et Frères qui allaient séjourner dans ce pays seraient désormais sensibles à cette proximité avec le monde de l’islam. Si beaucoup d’entre eux se sont engagés (et le sont toujours aujourd’hui) dans des tâches paroissiales pour faire naître cette Église locale, d’autres ont tenté des expériences de proximité avec le monde musulman.

La plus remarquable est sans aucun doute l’installation d’une communauté en milieu peul à Tenenkou, alors dans le diocèse de Ségou. L’initiateur en était le Père Georges Janssens de Bisthoven (décédé à Bruges, le 21 mai 1978). Il était entouré des Pères Josef Stamer (qui est l’actuel directeur de l’I.F.I.C.), du Père Martin Happe (actuel évêque de Nouakchott en Mauritanie), des Pères Rudi Pint (actuel curé de Gao) et Pierre Brignol pour un court séjour et de trois consacrées : Françoise Édon, Bernadet­te Janssens et Solange François. Sur la photo ci-dessous, on reconnaît le Père Georges Janssens. L’expérience de Tenenkou qui dura une dizaine d’années (d’octobre 1970 à fin 1979) fut très riche.

Le rayonnement du Père Georges Janssens n’est plus à démontrer. Il est parti trop jeune ce grand croyant qui avait choisi d’enrichir sa foi au contact de ses frères et sœurs musulmans ; il doit se réjouir de la naissance du Centre Foi et Rencontre et de l’I.F.I.C. quelques décennies plus tard. Ici, on le connaissait surtout sous le nom de Georges Diallo, un nom de famille Peul, qu’il avait choisi pour signer ses petites plaquettes de lettres où il évoquait ses rencontres et où il invitait les chrétiens à ne jamais faire l’économie de la Rencontre avec l’autre, même s’il est différent dans sa culture et dans sa foi.

L’expérience exaltante de Tenenkou avait pris fin une année après la disparition de Georges en 1978. Elle était peut-être trop singulière. Avait-elle suffisamment invité les responsables de la toute jeune Église malienne à partager ce souci… à s’en trouver partenaire ? Il faut aussi noter qu’on regrettait déjà, que peu de confrères se préparaient à ce type de présence et qu’il était difficile, dans ce cas, d’assurer solidement une telle fondation. Après la disparition de Georges, le Père Josef Stamer restera une année quasiment seul à Tenenkou, soucieux de la minuscule communauté chrétienne qui se trouvaient là et qu’on ne pouvait raisonnablement abandonner.

Gao, Nioro-du-Sahel…
En dehors de Tombouctou et Tenenkou, d’autres expériences de proximité avec le monde musulman méritent d’être soulignées, car toutes ont concouru, d’une manière ou d’une autre, à l’ouverture du Centre Foi et Rencontre et de l’I.F.I.C., je veux parler de la création des deux paroisses de Gao (en 1945) et de Nioro-du-Sahel (en 1960). Lors de l’assemblée postcapitulaire de 1981 (suite au Chapitre général de 1980), il avait bien été décidé de rouvrir le poste de Tombouctou (fermé en 1907). Une conjoncture d’événements ne l’a pas permis et il n’y a toujours pas de présence permanente à Tombouctou. Aujourd’hui, ce sont les pères de Gao qui assurent cette présence, surtout lors des grandes fêtes de l’année liturgique. Il faut souligner aussi que le départ des pères ne signifie pas que la mission cesse pour autant. Ici et là, dans ce vaste diocèse de Mopti, de minuscules communautés chrétiennes ont pris la relève et témoignent avec beaucoup de courage de leur foi. Certaines d’entre elles ne voient que très rarement un prêtre.

On peut dire, en vérité, qu’au Mali, les Missionnaires d’Afrique (qu’ils travaillent en paroisse, dans les maisons de formation ou dans d’autres responsabilités), se sentent interpellés par le monde de l’islam. Nous côtoyons les musulmans, participons à leurs fêtes et à leurs deuils ; ils sont aussi de nos réjouissances et de nos peines. Il y a une grande proximité qui tient vraiment du dialogue au quotidien et qui a permis que le Centre Foi et Rencontre, autant que l’I.F.I.C., soient bien accueillis autant par les autorités religieuses que par les autorités civiles. Il y a ici au Mali, une grande tradition de rencontre. Cela tient sans doute au pays et à ses riches cultures, véritable microcosme interreligieux.

On sait par exemple (par des écrits conservés précieusement au Centre Ahmed Baba de Tombouctou) que des commerçants juifs ont fréquenté cette région ; on sait aussi que si l’islam est fortement implanté depuis le XVIIe siècle, on y compte encore beaucoup d’adeptes de la Religion Traditionnelle Africaine. Pour être plus près de la réalité, il faudrait dire que si le pays compte aujourd’hui 80 % de pratiquants de l’islam, un peu moins de 20 % de la population pratique encore la Religion Traditionnelle et un peu moins de 2 % est baptisée.

Le Centre Foi et Rencontre en a tenu compte, cherchant non seulement à rencontrer les musulmans mais aussi les adeptes de la Religion Traditionnelle. Il se veut aussi œcuménique en étant ouvert aux autres confessions chrétiennes (évangélistes et baptistes surtout).

Dans la foulée du Chapitre de 1998
Si l’on situe l’ouverture du Centre en 2001, en fait, c’est à la suite du Chapitre de 1998 que l’on a envisagé la création d’un Centre qui serait au service du dialogue et de la Rencontre.
Le Chapitre de 1998, on s’en souvient, avait défini 7 objectifs ; les deux premiers étant « Justice et Paix » et « la Rencontre ». Lors de l’assemblée postcapitulaire qui suivit, en février 1999, les confrères, soucieux de retrou­ver la grande intuition de leurs aînés, décidèrent de mettre « la Rencontre » comme premier objectif et de voir ce qui pouvait, concrètement, faire suite aux expériences précédentes dont nous parlions plus haut. C’est à ce moment-là que l’ébauche du Centre a vu le jour. Très vite, compte tenu des expériences passées, notamment celle de Tenenkou, il a semblé indispensable d’y associer l’Église du Mali et ses responsables. Ceux-ci se sont montrés très enthousiastes, d’autant plus que la déclaration postsynodale « Ecclesia in Africa » encourageait à prendre des initiatives dans ce sens.

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Le Mali est un pays à grande majorité musulmane. L’Église s’y est dotée d’une institution pour le dialogue interreligieux. Maartin Bloemarts est le bibothécaire du Centre de formation islamo-chrétienne qui vient d’ouvrir ses portes avec huit étudiants originaires de six pays.

Les confrères qui s’étaient engagés dans ce sens, tant à Tenenkou que dans les paroisses implantées en milieu d’islam, et tous les confrères en général, furent interpellés. Un document d’une dizaine de pages fut alors composé ; il représente un peu la charte fondatrice de ce Centre. Puisque l’Église du Mali était partenaire, elle aussi a dit son mot, souhaitant que dans un premier temps, l’accent soit mis sur les communautés chrétiennes, les formant et les informant, les engageant au dialogue et à la Rencontre. L’archevêque de Bamako, Monseigneur Jean Zerbo, accepta avec joie que le Centre dresse sa tente dans son diocèse pour commencer, et il offrit les locaux désaffectés de l’ancien moyen séminaire Pie XII, sur la colline d’Hamdallaye à Bamako.

C’est là que les Pères Josef Stamer et Alain Fontaine établirent leur campement à la fin de l’année 2000. D’importants travaux devaient être envisagés pour abriter le Centre et aménager la communauté permanente. Toute l’année 2001 sera nécessaire et c’est seulement en fin 2001 que le Centre pourra enfin ouvrir ses portes.
En dehors de trois bureaux, deux salles sont aménagées, dont l’une capable d’accueillir plus de 150 personnes, une autre plus petite en accueille une trentaine. Un espace bibliothèque est aussi prévu.
Il fallait tout organiser à partir de rien puisqu’un tel Centre n’avait jamais existé au Mali. Pour mettre en route les activités, l’équipe permanente s’est vite entourée de collaborateurs et collaboratrices maliens qui forment un comité de pilotage et se réunit régulièrement.


Sœur Françoise Dartigues, Smnda, de l’équipe permanente,
propose des livres et des brochures sur le dialogue islamo-chrétien.

Dès 2003, Sœur Françoise Dartigues, des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, s’est jointe au Centre comme membre de l’équipe permanente.

Trois priorités apparaissent
- Des conférences mensuelles sur des sujets qui touchent à la Rencontre ; conférences où l’on inviterait des chrétiens, des musulmans mais aussi des adeptes de la religion traditionnelle ou des nouveaux mouvements religieux.

- Une ouverture de la bibliothèque spécialisée (les religions et la vie spirituelle) aux étudiants qui souhaiteraient travailler des thèmes de cet ordre.

- Et enfin, une offre très large adressée à tous les diocèses du Mali de se déplacer pour organiser, sur place, des sessions de formation et d’information dans le domaine de l’interreligieux.

Il faut reconnaître que toutes les propositions n’ont pas connu la même fortune. Les conférences mensuelles ont vite pris leur vitesse de croisière et aujourd’hui, elles accueillent chaque fois une cinquantaine de cadres de la ville et des environs. Tour à tour des catholiques, des pasteurs protestants et des musulmans (imams ou non) se succèdent et traitent des sujets transversaux. Quand on aborde par exemple le thème du pèlerinage, on choisit de faire intervenir deux personnes représentant les deux grandes confessions monothéistes (chrétienne et musulmane). Le débat qui suit est d’autant plus intéressant. Les conférences donnent l’occasion de publier de petites plaquettes sur des sujets divers qui touchent tous à la Rencontre. Citons en quelques-unes : Ramadan musulman et Carême chrétien — Religions et santé — Code de la famille — Religions et violences, etc. Le Centre publie aussi d’autres ouvrages pour servir la Rencontre comme un « guide pour un chrétien vivant en milieu musulman » ou une plaquette sur « les soufis » ou « l’évangile de Barnabé ». Le Centre entretient d’excellents rapports avec les protestants de la place, bien que le groupement des Églises évangéliques n’ait pas inscrit l’œcuménisme comme une de ses priorités. Cependant les pasteurs acceptent toujours les invitations à venir donner une conférence à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité.

L’accueil des étudiants à la bibliothèque n’a pas encore connu la fréquentation qu’on espérait. Cela tient sans doute à la localisation du Centre, pas vraiment visible et bien connu. Quelques étudiants, dont plusieurs musulmans, ont cependant préparé leurs thèses avec l’aide de la bibliothèque du Centre. Un étudiant musulman a même présenté, aidé par le Centre, une thèse sur l’implantation du christianisme sur le plateau dogon de Bandiagara. C’était une première à l’université de Bamako, pour la fac d’histoire. Le Centre a aussi accueilli des étudiants de la faculté de théologie protestante de Bamako, à plusieurs reprises.

Enfin, pour les formations et informations données à Bamako et en dehors du diocèse de Bamako, on peut remarquer que les demandes sont encore timides mais le Centre a cependant participé à plusieurs sessions pour les adultes, les jeunes et dans le cadre des maisons de formation ; en outre, il a visité de nombreuses communautés ecclésiales de base sur Bamako.

2006 : les cinq premières années
Cinq ans, ( voir sur le site) c’est vraiment peu pour fêter un anniversaire mais le but n’était pas tout à fait le festif mais plutôt l’évolutif… Il fallait savoir si l’on ne se trompait pas d’objectif, si le service offert répondait à un réel besoin et si le Centre avait tenu ses promesses.

De nombreuses personnalités attachantes se sont déplacées pour l’occasion, dont de nombreux musulmans, des protestants et de nombreux catholiques. La conférence épiscopale du Mali avait tenu à être représentée par l’évêque en charge du dialogue interreligieux et de l’œcuménisme, Mgr Joseph Dao. De la table ronde organisée à cette occasion, on peut retenir certaines propositions. Le Centre a été vraiment un lieu d’accueil, simple, ouvert et disponible. Un musulman, visiteur régulier du Centre, a même récité avec une certaine émotion le hadith qui dit : « Quand des croyants se trouvent ainsi réunis pour évoquer leur foi, Dieu est au milieu d’eux. » Beaucoup de participants firent remarquer qu’il faudrait s’orienter davantage vers le milieu jeune. C’est vrai qu’on touche beaucoup plus le milieu cadre actuellement. On a aussi souhaité qu’en dehors du français, des activités, conférences et sessions soient proposées en langue bambara. Le Centre est en train de s’équiper en personnel et en publications adaptées dans ce sens.

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Jean Ronayette salue l’imam Mamadou Dosso, directeur de cabinet du Conseil national
islamique de Côte d’Ivoire. À droite, un choix de livres sur le dialogue.

C’est à l’occasion de ce premier jubilé que le Père Jean Ronayette a été présenté pour succéder au Père Josef Stamer qui allait devenir le premier directeur de l’I.F.I.C. Le Père Jean Ronayette s’était préparé par une formation auprès du PISAI à Rome. C’est un ancien du Mali qui avait longtemps travaillé dans le diocèse de Mopti avant de rejoindre la maison de formation de Ouagadougou.

Et pour finir, un dernier né : l’I.F.I.C.
Décidé au cours du dernier chapitre de 2004, l’Institut de formation islamo-chrétienne a ouvert ses portes pour cette rentrée 2007-2008 avec huit étudiants(es) venant du Burkina Faso, du Niger, du Togo, du Bénin, du Cameroun et du Mali. Le directeur en est le Père Josef Stamer. Le Père Jean Bevand, ancien du Pisai, fait partie de l’équipe professorale. Le Père Maarten Bloemarts assure la gestion et à la charge de la bibliothèque.

À ce petit noyau s’ajoutent des professeurs burkinabés, guinéens et sénégalais. Un père spiritain, Marc Botzung, viendra aussi de Mauritanie prochainement pour une série de cours.

L’inauguration de l’I.F.I.C. a donné à Monseigneur Jean Zerbo, archevêque de Bamako, l’opportunité de dire tout le bien qu’il pense de ces deux institutions qui font désormais partie du paysage pastoral de son diocèse. Que six confrères, à plein-temps, soient détachés pour un tel travail prouve toute l’importance que nous donnons à cet aspect de la pastorale et tout le bienfait que l’Église du Mali est en droit d’en attendre. Dans une lettre adressée au Centre à l’occasion du 5e anniversaire, Mgr Jean Zerbo écrit : « Le Centre est une structure essentielle de notre pastorale ». Et le 15 octobre 2007, pour l’inauguration de l’I.F.I.C., il déclara : « Avec l’I.F.I.C., nous aurons une école de formation de personnes ressources, dont la mission sera d’allumer et de maintenir vivante autour d’elles le flambeau du dialogue interreligieux, un dialogue au service de la paix entre les peuples. »

Vraiment on peut dire que l’Église du Mali est tout à fait partenaire des différentes initiatives prises par les Missionnaires d’Afrique en faveur du dialogue interreligieux. S’il y avait au début peut-être une certaine crainte, c’était sans doute dû à l’inédit, au singulier d’une telle démarche. Aujourd’hui, l’Église du Mali sait combien cette dimension, surtout dans le contexte actuel et compte tenu de la configuration religieuse du pays, est indispensable et profitable à tous.

Actuellement, pour des raisons pratiques, les deux institutions : Centre Foi et Rencontre et I.F.I.C. cohabitent dans les mêmes locaux. Chacun s’enrichit de cette double appartenance du Centre, la bibliothèque offre aux étudiants de bons ouvrages de référence, les formations, sessions et conférences, profitent à tous. On ne pouvait pas deviner en 2001 que le Centre aurait cette envergure et toucherait de si nombreux partenaires. L’Esprit Saint n’est pas étranger au mouvement, Lui qui nous rend attentif à la lente germination et aux semences du Verbe.
Disons aussi que le Centre, par le biais de ses animateurs, a été appelé à participer à des formations, table ronde, colloques et sessions, au Burkina Faso, au Cameroun, au Kenya, en Allemagne, au Sénégal, au Nigeria et en Côte d’Ivoire.

Le Père Josef Stamer a ainsi participé à la rédaction des programmes destinés aux grands séminaires en Afrique où une ouverture à l’interreligieux est vivement souhaitée par le dicastère chargé de la formation du clergé.
Récemment, lors d’un colloque organisé au Centre de Recherche et d’Action pour la paix (CERAP) à Abidjan, sur le thème : « La contribution des Religions à la Paix », le Père Jean Ronayette a pu étendre le réseau de relations du Centre. On le voit ici (à gauche) saluant chaleureusement l’Imam Mamadou Dosso, Directeur de cabinet du Conseil National Islamique de Côte d’Ivoire.

Invitation
Si vos pas vous conduisent à Bamako, n’hésitez pas à monter la colline d’Hamdallaye pour visiter le Centre Foi et Rencontre et l’I.F.I.C. abrité dans ses murs. Ce n’est sans doute pas un hasard si le Conseil Général avait récemment retenu Bamako pour abriter une assemblée de confrères engagés dans la pastorale de la Rencontre, en vue de préparer le Conseil plénier d’Addis Abeba. C’est là, entre autre, que l’on a souligné combien il était important de revenir à notre charisme fondateur qui nous invite à avoir un regard plus que bienveillant vis-à-vis de l’islam. Nous sommes envoyés à tous les peuples de l’Afrique, comment pourrions-nous oublier ces millions de musulmans qui la peuplent.

Si le Petit Écho a évoqué le centre de Tunis, puis celui d’Oran et maintenant celui de Bamako, c’est aussi pour souligner combien cette dimension de notre vocation missionnaire est importante et qu’il convient d’y intéresser tous nos jeunes confrères. Se préparer à la Rencontre, n’est-ce pas, tout simplement, se dépouiller pour accueillir l’autre, s’enrichir de sa culture et de sa foi.

Alain Fontaine

Tiré du Petit Echo N° 990 2008/4

 


 

BAMAKO MALI

Timbuktu... Tenenkou... Bamako
The Centre for Faith and Encounter


By Alain Fontaine M.Afr.

For the Centre for Faith and Encounter: Go into the yard of the Prosper Kamara Secondary School and follow the notices,’ This is what the visitor finds when arriving at the summit of Hamdallaye Hill, Bamako, where the Centre established its headquarters over five years ago. The Prosper Kamara Secondary School is celebrating the 50th year of its founding. It was the town’s second secondary school after the State Secondary ‘Terasson de Fougères’, which became ‘Askia Mohamed Secondary’ after independence. Prosper Kamara Secondary School took its name from the first Malian-born priest and Missionary of Africa, after his death in Ségou in 1961.

In 16 acres of ground, the school today is surrounded by 8 other education-centred institutions. Judge for yourselves: the newly-founded Catholic University of Mali, accommodating the School of Higher Studies for Arts, Culture and Science of Education; a college; a technical school for training in Computer Science and Management; the premises of Catholic Radio, a study and cultural centre for students; a kindergarten and finally the Centre for Faith and Encounter, the Institute for Islam-Christian Education, (IFIC), which opened its doors in October 2007 and is provisionally installed in a part of the Centre for Faith and Encounter premises.

Experience of proximity to Muslims
The Centre for Faith and Encounter is already etched into the history of the Missionaries of Africa in Mali. We know that Cardinal Lavigerie ardently desired to penetrate West Africa from Timbuktu. After the first two disastrous caravans of 1876 and 1881, the Missionaries ended up coming onto Malian soil from Senegal. The third caravan left from Marseilles on Christmas Day 1894. Arriving at Kita, they found Spiritan Missionaries there and took the direction of Bamako, Ségou, where Fathers Ficheux and Éveillard remained.

Finally, on the 21st May 1895, Fathers Hacquard (see the life of Bishop Hacquard) and Dupuis arrived in Timbuktu, accompanied by a young Bambara Christian named Eugène Kondé. In romantic mood, some days after his arrival in the town, Father Hacquard wrote in his notes, ‘When I saw Timbuktu, I thought I had lost my mind. I cannot tell what I was feeling: a mixture of joy, hope, sadness, melancholy, leaping into the future. Here I was, face-to-face with the aim so long desired by our forefathers, of our poor dear friends, all drenched in their own blood before finally reaching this destination. The one who seemed to me able to feel my distress most was my horse. Involuntarily, I was communicating my impatience to advance by the rowels of my spurs and restraining it by pulling on the reins. The horse did not know what I wanted and feared for my sanity.’

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1893: Fr Augustin Hacquart/ 1975: Fr Georges Janssens de Bisthoven celebrating Mass on the plain of Tenenkou with young Fr Stamer and Mrs Françoise Édon. 2008: Yupp Stamer, Director of the Faith and Encounter Centre.

 

The Timbuktu stay, though brief, (June 1895 - April 1907) was to mark the mission in French Sudan and in today’s Mali profoundly. The Fathers and Brothers who were to live in this country would be henceforth keenly aware of the proximity of the Islamic world. Even if many of them became involved (and are still so today) in parish tasks to bring about the local Church, others initiated experiences of proximity with the Muslim world. The most remarkable is without doubt the installing of a community in a Fulani milieu at Tenenkou, at that time in the Diocese of Ségou.

The initiator was the late Fr Georges Janssens de Bisthoven, (+ Brugge, Belgium, 21st May 1978). He was assisted by Fr Josef Stamer (currently Director of the IFIC), Fr Martin Happe, (now Bishop of Nouakchott, Mauritania), Fr Rudi Pint, (presently parish priest of Gao) and briefly, Fr Pierre Brignol. There were also three consecrated laywomen, Françoise Édon, Bernadette Janssens and Solange François. The Tenenkou experience would last about ten years, (from October 1970 till the end of 1979) and was very rewarding. The influence of Fr Georges Janssens is inestimable. This profound believer, who chose to enhance his faith in touch with his Muslim sisters and brothers, died far too early. He must have rejoiced in the foundation of the Faith and Encounter Centre, as well as the IFIC, some decades later. Here, he was known above all as Georges Diallo, a Fulani family name he had chosen to sign his little pamphlets of letters, in which he listed his encounters and where he urged Christians never to shirk encounter with others, even if they are different in culture and beliefs.

The inspiring experience of Tenenkou ended the year after Georges died. Perhaps it was too singular. Did it invite the leaders of the very young Malian church to share their concerns sufficiently, to become partners in it? It also has to be noted that it was already regrettable that few confreres were preparing for this type of presence and that it was difficult, in that case, to firmly guarantee such a foundation. After Georges’s death, Fr Josef Stamer remained for a year virtually alone at Tenenkou, concerned for the tiny Christian community there and that we could not just abandon.

Gao, Nioro-du-Sahel
Besides Timbuktu and Tenenkou, other experiences of proximity with the Muslim world deserve to be underlined, because all of them concurred, in one way or another in the opening of the Centre for Faith and Encounter and the IFIC. I mean the creation of two parishes: Gao in 1945 and Nioro-du-Sahel in 1960. During the Post-Capitular Assembly of 1981 (after the 1980 Chapter), it was firmly decided to re-open Timbuktu (closed in 1907). A convergence of circumstances did not allow for it and there is still no permanent presence in Timbuktu. Today, the Fathers of Gao look after it, especially for the major feasts of the liturgical year. Here and there, in this vast diocese of Mopti, tiny Christian communities have taken up the slack and bear testimony to their faith with much determination. Some among them only very rarely see a priest. It could truly be said that the Missionaries of Africa, (whether in parishes, Houses of Formation or other tasks) feel called to address the Islamic world. We live side by side with Muslims, share in their festivals and mourning; they also take part in our joys and sorrows. There is close proximity that stems from a dialogue of daily life and that enabled the Centre for Faith and Encounter and IFIC to be well received both by the religious and civil authorities.

It could be said that in Mali, there is a long tradition of encounter. This probably springs from the country and its diversity of culture, a distinct interreligious microcosm. We know for example, (by carefully conserved writings at the Timbuktu Ahmed Baba Centre) that Jewish merchants frequented this region; we also know that although Islam was firmly implanted from the 17th century, there are still many adepts of African Traditional Religion. Closer to reality, we would have to say that although the country is 80% practising Muslim, a little less than 20% still practice Traditional Religion and a little less than 2% are baptised.

The Centre for Faith and Encounter has taken account of this, seeking not only to meet with Muslims, but also with followers of Traditional Religion. It also seeks to be ecumenical and remain open to other Christian denominations (principally Evangelical and Baptist).

In the wake of the 1998 Chapter
Although the Centre was opened in 2001, it was in fact after the 1998 Chapter that the creation of a Centre that would be at the service of Dialogue and Encounter was projected. We recall that the 1998 Chapter had defined 7 objectives.

The first two were ‘Justice and Peace’ and ‘Encounter’. During the Post-Capitular Assembly that followed in February 1999, the confreres, concerned to draw from the great intuition of their forebears, decided to place ‘Encounter’ as the prime objective. They would investigate what would usefully follow on from the preceding experiences spoken of above. It was then that the preliminary sketch of the Centre first saw the light of day. Very soon, bearing in mind the experience of Tenenkou, it was considered indispensable to acquaint the Malian Church and its leaders with it. These latter were extremely enthusiastic, all the more since the Post-Synod Declaration, ‘Ecclesia in Africa’ encouraged initiatives in this sense.

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Mali is a country where the great majority are Muslim. The Church felt the need of a Centre for interreligious dialogue. Maartin Bloemarts is the librarian of the new Centre of Islam-Christian Formation that has just opened with eight students from six countries.

The confreres who were involved in this area, in Tenenkou and in the parishes set up in Islamic environments, as well as all the confreres in general, felt called to address the issue. A ten-page document was drafted. It represented more or less the founding charter of this Centre. Since the Malian Church was a partner, it also had a word to say, desiring initially that the emphasis would be laid on Christian communities, training and informing them, involving them in Dialogue and Encounter. Archbishop Jean Zerbo of Bamako joyfully agreed for the Centre to pitch its tent in his Archdiocese to begin with and he offered the disused premises of the former Pius XII seminary on Hamdallaye Hill in Bamako to do so.

It was there that Fathers Josef Stamer and Alain Fontaine set up their camp at the end of 2000. Essential building work had to be planned to accommodate the Centre and arrange for a permanent community. The whole of 2001 would be required to do so and it was only at the end of that year that the Centre could finally open its doors.
Besides the three offices, two halls were arranged, one able to receive 150 people and the smaller one to take around thirty. Space for a library was also planned.

Everything had to be organised from scratch, as such a Centre had never existed in Mali. To start up the activities, the resident team was quickly reinforced by Malian men and women co-workers, who formed a steering committee which today meets regularly.

From 2003, Sister Françoise Dartigues, Missionary Sister of Our Lady of Africa was assigned to become a member of the resident team.

Three priorities surfaced
Monthly conferences dealt with topics relative to Encounter. Christians, Muslims, adherents of Traditional Religion and New Religious Movements were all invited to them.

A specialised library (religions and spirituality), for students seeking to study topics of this nature, was founded.

Finally, a widespread offer was made to all the dioceses of Mali to prepare the organisation on the spot for training and information sessions in the area of interreligious dialogue.

It must be said that not all the proposals met with the same outcome. The monthly conferences soon achieved cruising speed and today they receive each time about fifty executives from the town and its surroundings. Catholics, Protestant ministers and Muslims, (imams and others) take their turn in dealing with subjects by cross-sectioning. For example, on the topic of pilgrimage, two people are chosen representing two major monotheistic religions (Christian and Muslim.) The ensuing debate is all the more valuable. The conferences provide the opportunity to publish short pamphlets on various topics relative to Encounter. We mention some of them here: Muslim Ramadan and Christian Lent – Religion and Health – Family Code – Religion and Violence, etc.

The Centre also publishes other works on Encounter such as a ‘Guide for a Christian living in a Muslim environment’, or a pamphlet on ‘Sufis’ or ‘The Gospel of Barnabas’. The Centre maintains excellent relations with local Protestants, although the grouping of Evangelical Churches did not record Ecumenism as one of its priorities. Nevertheless, Protestant ministers always accept invitations to give a conference during the Week of Prayer for Christian Unity. Attendance at the library, run by Fr Maarten Bloemarts of the IFIC team, has not had the frequency that was expected. This could no doubt be due to the location of the Centre, that is not too visible and well known. Some students, including several Muslims, have nonetheless prepared their theses with the assistance of the Centre library. A Muslim student, with the help of the Centre, even presented a thesis on the implantation of Christianity on the Dogon plateau of Bandiagara. It was a first for the University of Bamako and for the History Faculty. The Centre has also frequently accepted students from the Protestant Faculty of Theology, Bamako.
Finally, for training and information provision at Bakamo and outside the diocese, it is noticeable that requests are still few and far between, but the Centre has nonetheless taken part in several sessions for adults, young people and in the context of Formation Houses. In addition, there were numerous visits to basic Christian communities around Bamako.

2006: The first five years
Five years is not very long to celebrate an anniversary, but the aim was not really festive but evaluative. It was important to know if we had aimed at the proper objective and if the service we offer really responded to a need and if the Centre had kept its promises.

Many attractive personalities came specially for the occasion, including many Muslims, Protestants and Catholics. The Mali Bishops’ Conference was also duly represented by Bishop Joseph Dao, in charge of Interreligious Dialogue and Ecumenism. From the round table organised on that occasion, some proposals were highlighted. The Centre was a genuine place of welcome, simple, open and ready to be of service. A Muslim, a regular visitor to the Centre, even recited with a certain amount of emotion the Hadith that says, ‘When believers find themselves united to bring to mind their faith, God is in the midst of them.’ Many of those taking part commented that it would be good to turn more towards youth. It is true that for now, we are more involved in the executive class. It was also suggested that besides French, activities, conferences and sessions could be offered in Bambara. The Centre is in the process of training personnel and adapting publications to this effect.

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This first anniversary was the time to introduce Fr Jean Ronayette as the successor of Fr Josef Stamer, who would become the first Director of IFIC. Fr Jean Ronayette prepared by attending PISAI in Rome. He is an old hand in Mali and worked for many years in the Diocese of Mopti before going to the Formation House in Ouagadougou.

In conclusion, the newborn IFIC
Decided in the course of the 2004 Chapter, the Institute for Islam-Christian Formation opened its doors for the 2007-2008 semester with eight students from Burkina Faso, Niger, Togo, Benin, Cameroon and Mali. Fr Josef Stamer is the Director. Fr Jean Bevand graduate of the PISAI, is on the professorial staff. Fr Maarten Bloemarts is in charge of administration and the library.

To this hard core are added professors from Burkina Faso, Guinea and Senegal. A Spiritan Father, Marc Botzung will also come from Mauritania in the next few weeks to give a series of courses.

The inauguration of IFIC gave Archbishop Jean Zerbo of Bamako the opportunity to express all the esteem he has for these two institutions that now form part of the pastoral scene in his diocese. That six confreres are assigned full-time to such a task proves the great importance we give to this aspect of pastoral action and all the benefits that the Church in Mali can expect from it. In a letter addressed to the Centre on its 5th anniversary, he wrote, ‘The Centre is an essential structure of our pastoral action.’ On the 15th October 2007, for the inauguration of the IFIC, he stated, ‘With IFIC, we will have a school for training resource persons, whose mission will be to ignite and keep lit the flame of interreligious dialogue around them, which is at the service of peace between peoples.’ We may truly assert that the Church in Mali is an integrated partner in the various initiatives taken by the Missionaries of Africa to promote Interreligious Dialogue. If there were doubts at the outset, it was probably due to the completely new and singular nature of such an undertaking.

Today, the Church in Mali knows how much this dimension, especially in the current context and bearing in mind the religious configuration of the country, is indispensable and beneficial to all.
Currently, for practical reasons, both institutions occupy the same premises. Each is enhanced by this dual affiliation to the Centre; the library offers the students good reference works, training, sessions and conference for everyone’s benefit. In 2001, it was not possible to foresee that the Centre would reach this scale and would attract so many partners. The Holy Spirit is no stranger to this movement. He makes us attentive to the slow germination of the seeds of the Word.

We could mention also that the Centre, by means of its organisers, has been called to take part in training courses, round tables, colloquiums and sessions in Burkina Faso, Cameroon, Kenya, Germany, Senegal, Nigeria and Côte-d’Ivoire.

Fr Josef Stamer has also taken part in the writing of programmes intended for Major Seminaries in Africa, where an opening towards interreligious dialogue is desired by the Dicastery in charge of the training of clergy.
Recently, during a colloquium organised by the Centre for Research and Action for Peace (CERAP) at Abidjan, on the topic of ‘The contribution of Religions to Peace’, Fr Jean Ronayette was able to extend the Centre’s relations network. Here he warmly greets Imam Mamadou Dosso, Director of the National Islamic Executive Council of Côte-d’Ivoire.
Invitation

If your path ever leads you to Bamako, do not hesitate to climb the Hamdallaye Hill to visit the Centre sheltered behind its walls. It was not by chance that the General Council recently reserved Bamako to accommodate an assembly of confreres involved in the pastoral activity of Encounter to prepare the Addis Ababa Plenary Council. There, amongst other things, they underlined how important it was to return to our founding charism that invites us to have a more kindly regard for Islam. We are sent to all the peoples of Africa, so how could we leave out the millions of Muslims that people it?

If the Petit Echo mentioned the Tunis Centre, then Oran and now Bamako, it is also to emphasise how significant is this dimension of our missionary vocation and that it is binding on all of us to interest our young confreres in it. Preparing ourselves for Encounter is it not quite simply to divest oneself to welcome others, in order to clothe oneself with their culture and their faith?

Alain Fontaine

From Petit Echo n°990 2008/4