Les Evêques du Mali viennent de tenir du 16 au 18 avril leur troisième session ordinaire de l’année 2011-2012. Cette session de travail leur a donné l’occasion d’échanger sur la situation actuelle de notre pays. Les Evêques expriment leur soutien total aux actions de l’Union Sacrée des Leaders Religieux. Le message qu’ils livrent ici va dans ce sens.

MESSAGE DES EVÊQUES DU MALI

Depuis le 17 janvier 2012 le Mali connaît une occupation de ses trois régions nord par des groupes armés. Nous saluons la mémoire de tous les militaires et civils qui ont perdu la vie pendant les combats consécutifs à cette occupation et les confions à la miséricorde de Dieu Tout Puissant. Nous sommes solidaires de toutes les familles et des personnes affectées physiquement et moralement par ces évènements, des personnes déplacées et des réfugiés. Nous saluons les efforts du Haut Conseil Islamique qui ont permis le retour récent de certains militaires retenus au nord. En priant pour le retour rapide de la paix, nous condamnons tous les actes de violence infligés aux populations de ces régions et manifestons notre profonde indignation face au pillage et à la destruction des biens des populations en général et en particulier le saccage des lieux de culte chrétiens, notamment à Gao. Le peuple malien doit rester un peuple uni dans sa diversité.

A cette crise au nord est venue se greffer une crise politique qui se dissipe peu à peu grâce à la sagesse de personnes de bonne volonté, à l’action de la classe politique et de la société civile. C’est le lieu de remercier tous les Maliens qui ont travaillé et continuent de le faire pour la réconciliation des cœurs et le retour de la paix. Nous saluons les efforts des Leaders Religieux réunis au sein de l’Alliance sacrée.

Nous notons avec beaucoup de satisfaction la volonté du CNRDRE de redresser la démocratie, de restaurer l’Etat et de rétablir la Constitution en vue de préserver notre pays d’un chaos éventuel. 

Nous saisissons l’occasion pour adresser nos remerciements à la CEDEAO, à son Président en exercice, le Président Alassane Dramane OUATTARA et à son Médiateur, le Président Blaise COMPAORE pour leur appui dans la gestion des crises et pour leurs efforts de médiation. Puissent-ils poursuivre ces efforts jusqu’au retour définitif de la paix. L’accord cadre du 6 Avril ainsi que la Déclaration Solennelle des Forces vives à Ouagadougou en date du 15 Avril sont des étapes importantes vers cette paix.

Nous félicitons le Président par intérim Dioncounda TRAORE pour sa disponibilité à assurer l’intérim. Nous saluons également la nomination d’un Premier Ministre en la personne du Dr Cheick Modibo DIARRA et assurons l’ensemble du gouvernement de nos prières pour une sortie de crise rapide et heureuse. Compte tenu de la sensibilité de cette période que nous vivons, nous appelons tous les citoyens à l’unité, à l’apaisement et à la mesure pour l’atteinte des objectifs assignés aux nouvelles Autorités.

En ce moment où tous les Maliens ont plus que jamais besoin d’œuvrer ensemble pour défendre et préserver l’unité de notre pays ainsi que son intégrité territoriale, nous invitons la classe politique et l’ensemble de la société civile à mettre l’intérêt du pays au dessus de tout autre intérêt particulier. Il s’agit de sauver le Mali et non de sauver les intérêts d’un parti ou d’un groupe. C’est le moment de manifester notre patriotisme et notre amour pour ce pays en relevant ensemble les défis urgents qui se présentent à nous aujourd’hui. Pour y parvenir il nous faut instaurer un dialogue franc et constructif afin de rétablir la confiance entre nous.

Notre foi chrétienne nous commande de prier « pour tous les hommes, en particulier pour …tous ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute piété et dignité, toute chose qui est belle et agréable à Dieu notre Sauveur » (1Th 2, 2-3). Nous invitons donc tous les croyants de toutes confessions à persévérer dans la prière. Si nous prions avec foi et persévérance, Dieu viendra à notre secours en ces moments difficiles, surtout si nous nous efforçons de conformer notre agir à sa volonté. N’est-ce pas la soumission que Dieu attend du peuple de croyants qu’est le peuple Malien ?

Que Dieu bénisse le Mali !

LES EVÊQUES

Chers frères et sœurs en Eglise Famille de Dieu au Mali,

A vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et de notre Seigneur Jésus Christ !

La paix : voilà une des grâces dont nous avons le plus besoin aujourd’hui. Avec vous et tous nos autres compatriotes, nous vivons la grave crise que connaît notre pays, le Mali, depuis neuf mois. Devant cette crise qui perdure, nous venons par ce message vous exprimer notre soutien spirituel et moral en ces moments difficiles et délicats. Notre pays souffre et tous ses enfants avec. Mais cette souffrance ne doit pas nous entrainer au découragement, à la démission ou à la peur. C’est pourquoi nous exhortons tous les fidèles et toutes les communautés à ce qui suit :

• Garder confiance en Dieu – rester fermes dans la foi : que pouvons-nous faire sans Dieu, notre Père et Créateur ? Nous vous recommandons donc de persévérer dans la foi en son Fils Jésus, le Sauveur, à qui obéissent toutes les tempêtes. L’épreuve que vit notre pays est aussi celle de notre Eglise. Et la tempête dans laquelle se trouvent nos communautés en ces heures difficiles  est semblable à celle qu’a vécue la première communauté chrétienne. Mais grâce à la foi, au courage et la prière fervente de ses membres, elle a tenu bon. Ce qui arrive à notre pays aujourd’hui est une épreuve difficile à comprendre. Cependant l’apôtre Pierre nous recommande de tressaillir « de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l’or… ».  Nous devons alors saisir l’occasion pour affermir et purifier notre foi au Dieu, Maître de l’Histoire. Ce Dieu nous aidera à surmonter cette épreuve comme les apôtres sur la mer si nous continuons de lui manifester notre foi indéfectible. Vivons donc dans l’espérance.
• Cultiver la paix : « heureux les artisans de paix » (Mt 5, 9) : le Mali doit rester un peuple uni dans sa diversité. C’est cette diversité culturelle, confessionnelle, ethnique, entre autres, qui fait la richesse de notre peuple. Nous invitons chaque fidèle à la place qu’il occupe, dans l’activité qu’il mène, en tout lieu où il se trouve à œuvrer pour le retour de la paix et de l’unité entre tous les fils et filles du pays. Le chrétien est un artisan de la paix, cette paix qu’il doit semer en tout lieu et en toute circonstance.
• Vivre la solidarité : dans notre dernière lettre pastorale parue à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du Mali, nous invitions tous les Maliens à plus de solidarité et à créer de nouvelles formes de solidarité. L’heure est venue de vivre réellement cette vertu, surtout envers tous nos compatriotes : les refugiés dans les pays voisins, les déplacés dans nos villes et campagnes, les veuves et orphelins de la crise, les détenus et les personnes mutilées. Ils ont vraiment besoin de cette solidarité pour surmonter leurs souffrances et goûter aux joies de la fraternité. Apportons leur notre soutien afin de donner une chance aux enfants et le sourire aux mamans.
• Prier : il faut prier sans cesse, nous dit Jésus. Forts de cette recommandation de notre Seigneur et de celle de Saint Paul  aux Romains « soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière » (Rm 12, 12), nous vous invitons, individuellement et en communauté, à persévérer dans la prière tout en restant vigilants. Dieu nous exaucera au delà de nos attentes. Notre pays en a besoin, nos communautés et nos familles aussi.

Dans quelques jours commencera le mois du rosaire. Confions à Marie, notre Mère du Ciel, toutes nos préoccupations, surtout celles qui concernent notre pays et notre Eglise Famille en ces moments-ci. Nous vous invitons à avoir chaque jour une intention pour la paix et l’unité du pays. Ayons également une pensée pour tous ceux qui ont perdu la vie dans cette crise afin que le Seigneur leur accorde sa miséricorde. Prions pour toutes les personnes et familles affectées par cette crise sans précédent : qu’elles reçoivent de Dieu soutien et réconfort. Prions pour que le Seigneur apporte la paix dans nos cœurs et dans tout le pays.

Frères et sœurs en Christ,

Avec le mois du rosaire, un mois de grâces, s’ouvre une nouvelle année pastorale. Nous espérons que cette année verra le retour définitif de la paix véritable, de la cohésion et de la stabilité dans notre pays. Chacun doit y contribuer par ses paroles et ses actes.

Que l’Esprit de Dieu nous soutienne dans notre témoignage et dans nos activités pastorales et professionnelles tout au long de cette année 2012-2013 ! Amen.

Que Dieu vous bénisse et bénisse le Mali ! Amen.

                                                                            Bamako, le 27 septembre 2012

                                                                                        VOS PERES EVÊQUES